Les champions industriels français entre Paris et Bruxelles (1985-1995) : tensions et compromis
Thèse soutenue par Marcel CHILLAUD le 23 octobre 2025 à Sorbonne Université.
Directeur de thèse : Laurent WARLOUZET, Professeur d'histoire, Sorbonne Université.
Discipline : histoire.
Jury de thèse :
Éric BUSSIÈRE, Professeur d'histoire, Sorbonne Université
Alexis DRACH, MCF en histoire contemporaine, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
Guia MIGANI, MCF en histoire contemporaine, Université de Tours
Valérie SCHAFER, Professeure d'histoire contemporaine, Université du Luxembourg
La politique industrielle française, traditionnellement interventionniste, est libéralisée entre 1985 et 1995, en partie sous l'influence de la Commission européenne, dans un contexte d’avènement du marché unique, de commissaires libéraux et de primauté du marché. La France, désireuse de défendre ses champions industriels, en leur apportant des appuis financiers conséquents, nécessaires pour leur développement ou pour la sauvegarde de leur pérennité, se trouve confrontée à des règles européennes plus contraignantes sur les aides d’Etat et à la primauté de la Commission sur la politique commerciale.
Cette thèse entreprend une étude de ce dialogue difficile entre Paris et Bruxelles, en adoptant une optique transversale et en approfondissant deux cas d'étude que sont Renault avec la problématique des aides d'Etat massives à une entreprise en quasi-faillite, et Airbus avec celle du conflit commercial avec les Etats-Unis. Par rapport à ce contexte contraignant, la France est partagée entre une certaine irritation et l’acceptation de la discipline commune des aides, qui prévaut au final. Cela traduit la complexité française, à la fois tentée par le protectionnisme, demanderesse de synergies européennes, tout en renonçant à suivre Jacques Delors dans les efforts financiers sous tendus par les paquets Delors I et II, alors même qu’elle est divisée en son sein entre libéraux et protectionnistes. Une dualité qui se retrouve avec Jacques Delors, soutien actif de la politique de concurrence et désireux de relancer la politique industrielle au travers de moyens accrus avec les paquets Delors I et II. De même, l’Allemagne refuse une politique industrielle forte, pousse à une application stricte des règles de concurrence mais soutient très activement son aéronautique et pousse à sa restructuration à l’occasion du projet Airbus.